PONTUS DE TYARD (1521 - 1605)

Qui était-il?

« Scientifique personne, protonotaire du Saint Siège apostolique et chanoine de l’église cathédrale de Mâcon, frère du futur et chargé de la procuration de sa mère »

Voilà comment Pontus de Tyard est qualifié dans l’acte de mariage de son frère Claude en 1553 et voilà ce qui le caractérise le plus ! Le terme « scientifique personne » désigne à l’époque quelqu’un possédant un immense savoir, ce qui est bien le cas pour Tyard, lecteur en mathématiques et astronomie de deux rois, Charles IX et Henri III.

SAVANT ET ENCYCLOPEDISTE

L’œuvre de Pontus de Tyard peut être considérée comme une sorte d’encyclopédie du savoir avant la lettre ! Son « UNIVERS ou Deux discours de la nature du monde et de ses parties » aborde les connaissances de son époque sous forme de dialogue, présentant chaque fois les arguments pour et contre une thèse donnée. Mais il laisse le lecteur libre de son choix. Le meilleur exemple est le livre de Copernic De Revolutionibus, livre que Tyard a abondamment annoté. Face à la thèse copernicienne, il ne prend pas position, allant même jusqu’à dire « toutefois, vraie ou non que soit sa disposition, la connaissance de l’être de la Terre telle que nous la pouvons avoir, n’en est aucunement troublée. »

Dans ce contexte, on peut encore citer « MANTICE » un livre sur les liens existant entre l’astronomie et l’astrologie. Si Tyard est bien équipé pour observer les étoiles dans le château de Bissy, il reste plus que circonspect face à l’astrologie, qu’il réfute avec des termes très rudes.

HOMME D’EGLISE

Comme c’était d’usage, c’est probablement à l’âge de 12 ans que Pontus a intégré le chapitre de la cathédrale de Mâcon comme chanoine. Contrairement à ce que l’on croit souvent, ce titre n’implique aucune charge ecclésiale précise. Pour les familles de haute noblesse, il s’agissait plutôt d’assurer un revenu à un de leurs fils.

Puis, à quinze ans, le jeune Pontus part à Paris pour ses études. Son titre de protonotaire nous indique qu’il y a obtenu un diplôme en théologie. Les meilleurs étudiants pouvaient en effet demander cette reconnaissance officielle par Rome à la fin de leurs études ! C’est grâce à ce ‘diplôme’ et à ses connaissances que Tyard a pu être nommé évêque de Chalon en 1578 « à condition d’être d’abord ordonné prêtre », comme le précise l’accord de Rome.

AUTEUR D’HOMELIES

Pontus de Tyard est le seul évêque du 16e siècle à avoir publié des Homélies. Face aux protestants, qu’il respecte en invitant ses contemporains à la réconciliation, contrairement à bien des collègues et amis, il est convaincu qu’ils vont reconnaître leurs erreurs grâce aux arguments théologiques avancés. Il a alors recours à tout son savoir, qui est immense. L’éditrice de l’édition moderne des Homélies (2007) écrit à ce propos « Jamais nous n’avons été en un univers aussi savant » !

SA BIBLIOTHEQUE

Ses connaissances, Tyard les doit à ses lectures. Il a réuni à Bissy une des plus grandes bibliothèques de son époque. Si on considère les pertes habituelles, dues aux aléas de l’histoire, elle contenait plus de 2000 livres … le double de celle de Catherine de Médicis ! Il maîtrisait parfaitement le latin, le grec et l’italien et avait de bonnes connaissances en hébreu, en anglais et en allemand. Mais surtout, il retenait pratiquement tout et était capable de faire des liens entre ses lectures.

POETE – LA PLEIADE

De nos jours, Tyard est surtout connu comme poète. Pourtant, la partie de sa vie consacrée à la poésie ne couvre que huit ans, entre 1548 et 1556. Nous savons aujourd’hui que la Pléiade en tant que groupe constitué n’a jamais existé ! Mais il reste permis de citer Tyard parmi les poètes proches de Ronsard et de ses contemporains, tout comme on peut aussi le rallier à l’Ecole Lyonnaise autour de Maurice Scève, qui a séjourné – comme tant d’autres hôtes illustres – au château de Bissy.